La vision des oiseaux
Les oiseaux ont une acuité visuelle supérieure à celle des primates grâce à une dentelle supérieure des photorécepteurs sur la rétine (comme une « haute définition »). Par exemple, un faucon crécerelle est capable de voir un insecte de 2 mm à 18 mètres de distance. L’acuité visuelle dépend de l’âge de l’oiseau, de la longueur d’onde de la lumière et de son intensité. De plus, certains oiseaux de proie ont deux fovéas sur chaque oeil (zone de concentration maximale des cônes, située au centre de la macula, zone de la rétine d’acuité visuelle maximale), c’est-à-dire qu’ils peuvent voir 3 objets nets simultanément dont l’un est visualisé en trois dimensions. Pour certains cela permet de chasser en vol avec une vision panoramique et en relief.
Les oiseaux possèdent trois paupières. La paupière inférieure est en général plus mobile que la paupière supérieure. La troisième paupière se situe dans le coin interne à l’oeil et se déplace vers le coin latéral. L’oeil des oiseaux n’est pas innervé de la même façon que celui des mammifères. C’est le même nerf qui est responsable de la sensibilité de la face et de la mobilité des paupières. La paupière supérieure est innervée par un autre nerf. La pupille est innervée par des nerfs autonomes.
Ce qui signifie que l’oiseau peut volontairement réguler le diamètre de sa pupille, au contraire des mammifères. Lorsqu’il y a beaucoup de lumière, notre pupille devient automatiquement plus petite. Les oiseaux peuvent réguler à volonté le diamètre de leur pupille jusqu’à pouvoir faire une asymétrie entre les pupilles des yeux.
La couleur de l’iris évolue avec l’âge dans beaucoup d’espèce.
Chez les nouveaux nés la lumière est perçue avant l’ouverture des paupières. C’est pourquoi il est conseillé de conserver les juvéniles dans une demi-obscurité et non dans un incubateur éclairé par la lampe UV.
Chez les psittacidés, dans les conditions naturelles, les parents choisissent un tronc d’arbre creux pour faire leur nid. Il a été démontré que les juvéniles élevés loin de la lumière ont une croissance plus rapide.
L’accommodation de loin (vision de près et de loin) s’effectue grâce au cristallin, mais aussi à la cornée. Le fond d’oeil des oiseaux est particulièrement surprenant. En regardant la rétine, on observe une structure noire implantée au fond de l’oeil et s’avançant vers le cristallin.
Il s’agit du pecten, dont le rôle n’est pas élucidé à ce jour. La partie la plus externe de l’oeil des oiseaux est ossifiée, ils peuvent donc se fracturer l’oeil, c’est pourquoi on effectue parfois une radiographie en cas de traumatisme crânien.
Les oiseaux peuvent voir les couleurs grâce à des cônes. Ces capteurs rétiniens sont plus ou moins abondants selon les espèces.
Certains oiseaux diurnes possèdent des gouttelettes lipidiques colorées dans leurs cônes qui améliorent le contraste entre les couleurs.
La couleur de ces gouttelettes peut être modifiée par l’alimentation, et les carences engendrent donc une moins bonne vision.
Les psittacidés sont capables d’observer toutes les couleurs, mêmes les couleurs UV, et ils montrent des préférences pour certaines couleurs.
La vision est tétra chromique chez la plupart des oiseaux alors qu’elle est tri chromique chez les primates (distinction du rouge, vert et bleu). Les oiseaux diurnes sont capables de voir les UV, ce qui modifie pour eux l’aspect du plumage, des fruits, etc. La plupart des oiseaux disposent de 5 types différents de cônes : 4 cônes simples et un double-cône intervenant dans la détection des mouvements.
Au contraire, les strigiformes (chouettes, hiboux), comme les primates, sont tri chromates et leur discrimination entre le rouge et le vert est peu prononcée.
On peut penser que la vision est un critère mineur de la sélection naturelle chez les oiseaux nocturnes. Certains oiseaux peuvent voir la nuit grâce à un grand nombre de bâtonnets. Ces capteurs rétiniens permettent de voir lorsque la luminosité est faible, mais seulement en nuances de gris.
Les bâtonnets sont 100 fois plus sensibles à la lumière que les cônes.
C’est pourquoi en faible luminosité, on voit en noir et blanc.
Parmi les psittacidés, ceux qui possèdent la plus grande proportion de bâtonnets par rapport aux cônes sont plus actifs au crépuscule, mais perdent la vision des couleurs plus rapidement lorsque l’intensité de la lumière décroit.
Par exemple, la perruche de Bourke a un ratio cônes/bâtonnets supérieur à celui de la perruche ondulée. Cela lui permet de voir au crépuscule mais lorsque le soir tombe, elle commence plus rapidement à voir en noir et blanc. Toutefois il semble que le ratio cônes/bâtonnets ne soit pas le seul critère pour évaluer la vision nocturne. En effet des chercheurs ont démontrés que les oiseaux qui commencent à chanter le plus tôt le matin n’ont pas le plus grand nombre de cônes, mais plutôt le plus grand nombre de connexions nerveuses permettant d’amplifier le message capté par les photorécepteurs de la rétine.
Les oiseaux chanteurs migrateurs, comme la Fauvette des jardins ou le rouge-gorge, possèdent une aire cérébrale permettant de s’orienter en fonction du champ magnétique terrestre grâce à des informations visuelles. De plus, la sensibilité de leurs bâtonnets varie en fonction du champ magnétique terrestre. La vision et la détection du champ magnétique sont donc étroitement liées.
Extrait du texte de « Claire Grosset » dans « Oiseaux exotiques », juin 2001, rubrique vétérinaire