Je fais partager ici mon expérience d’élevage de psittacidés en incubateur. Pourquoi élever en incubateur ? parce que je possède des couples qui pondent mais ne couvent pas ou n’élèvent pas bien les jeunes pour diverses raisons (parents trop stressés essentiellement).
J’élève ces espèces depuis plus de 3 ans, et je me suis heurtée à plusieurs difficultés que j’ai essayé de comprendre puis de résoudre. Après des échecs répétés (les mêmes causes produisent les mêmes effets), j’ai tenté d’identifier les causes et d’y apporter une solution.
Je ne prétends pas maîtriser les techniques, ni posséder la science infuse, mais en répétant des tentatives et en agissant de manière logique, j’en suis arrivée à éliminer ou à valider des causes probables de ces échecs. Je vous les note donc ici, à vous d’en faire ce que vous voulez.
Bébé gris du Gabon, 2 jours
Bébé perroquet de Meyer, à peine né
Bébé pyrrhura vient de naître
Cette expérience ne concerne que des psittacidés africains, à savoir les psittacus erithacus (gris du Gabon) et les poicephalus meyerii (perroquets de Meyer). Par hasard, l’incubateur étant en route pour ces 2 espèces, j’y ai mis également des œufs de pyrrhura molinae (conures à joues vertes), sachant que je n’avais pas rencontré les mêmes problèmes avec les pyrrhuras (sud américaines et pas africaines). A noter que je n’ai pratiquement jamais eu d’œufs clairs soit un taux d’œufs fécondés de 96%.
de haut en bas, oeuf de Meyer, oeuf de pyrrhura, oeuf de gris du Gabon
Les problèmes rencontrés :
- Les embryons se développent normalement pendant les tous premiers jours (3 ou 4 jours) et meurent (arrêtent de se développer) rapidement, ce qui se traduit en mirant l’œuf, par une très large couronne de sang dans l’oeuf.
- Les embryons se développent très bien pendant 25 à 28 jours, le poussin commence à bêcher sa coquille mais meurt au bout de 24 heures sans avoir réussi à sortir de sa coquille. En observant de près l’œuf, on peut noter que le poussin n’a quasiment jamais déchiré la membrane, ou très rarement.
Donc 2 problèmes bien distincts.
Œuf de pyrrhura en cours d’éclosion, le poussin a percé la membrane de l’œuf, peut donc respirer car la coquille est poreuse, et commence à la casser avec son bec sur lequel se trouve un « diamant », pointe très dure en calcium, qui disparaitra en quelques jours.
Le « diamant » est encore bien visible sur le bec du petit Meyer après 1 semaine
Premier problème : mort précoce de l’embryon
Après avoir perdu quelques dizaines d’œufs de cette manière, j’ai fini par inscrire les dates de ponte sur chaque œuf et j’ai remarqué que les œufs ayant été pondus moins de 4 jours avant la mise en incubateur étaient toujours ceux qui « claquaient » rapidement. Soit J0 le jour de la ponte, si les œufs sont mis en couveuse avant J3, aucune chance d’évoluer favorablement. L’embryon meurt à J6 ou J7. Si également les œufs sont mis en incubateur après J7, même échec. Il faut donc impérativement que les oeufs démarrent en incubateur entre J4 et J6 pour avoir toutes les chances de se développent durablement.
Deuxième problème : mortalité des poussins juste avant l’éclosion
Les poussins mourraient juste avant de sortir de leur coquille. Je pensais que le problème était lié à l’hygrométrie à l’intérieur de l’incubateur. Mes couveuses n’étant pas équipées d’un système de régulation précis et fiable, je contrôlais le taux d’humidité avec plusieurs hygromètres qui me donnaient chacun un chiffre différent. Donc, déjà, grosse difficulté d’avoir une indication fiable. Et parallèlement, la taille et le poids des œufs étant différents, je pensais que le retournement ne se faisait pas de manière efficace pour les œufs petits et légers (ceux de Meyer et de pyrrhuras), mais convenait bien aux œufs de gris, plus gros et lourds. En dessinant des repères sur les coquilles des œufs, ce problème s’est confirmé. Possédant 2 modèles d’incubateur différents, j’ai donc mis les œufs dans les incubateurs les mieux adaptés aux œufs.
Couveuse RCOM MINI pas adaptée à la taille des œufs de Meyer ou de pyrrhuras
Parfaite pour les œufs de gris du Gabon
Mais ce problème étant réglé, j’avais encore un taux de mortalité élevé, chez les Meyer en particulier. J’ai demandé des informations à un ami éleveur maitrisant ce type d’élevage, et il m’a conseillé de maintenir un taux d’humidité à 50% si possible. En cherchant des informations sur le net, j’avais lu tout et son contraire, les chiffres allaient de 40% à 70%, donc difficile de savoir quel était le bon. La technique de la perte de poids de 15% de l’oeuf me paraissait difficile à mettre en application. J’ai donc commencé par me procurer un bon hygromètre (modèle dit « à cheveu ») qu’il a d’abord fallu étalonner. Ceci étant fait, je l’ai mis dans l’incubateur pour contrôler 2 fois par jour le taux d’humidité et le corriger si nécessaire.
A noter également que j’avais conservé quelques jours les 2 derniers œufs qui devaient éclore (gris et Meyer) et dont les poussins n’avaient pas réussi à sortir de leur coquille. En les ouvrant pour essayer de comprendre, j’ai constaté que les poussins étaient parfaitement constitués, à terme, mais baignaient dans du liquide clair (de l’eau ?). Je pense donc qu’ils sont morts noyés. Sachant que les poussins qui naissent sont juste humides et ne baignent pas dans un œuf plein ou presque d’eau, cela m’a confortée dans l’idée que les poussins s’étaient noyés. D’autant que l’hygromètre indiquait un taux de 70%, taux que j’avais volontairement créé sur les conseils d’un autre éleveur qui m’avait affirmé qu’il fallait maintenir ce taux élevé pour « aider les poussins à casser leur coquille ». Je dois donc en conclure que le bon taux est bien de 50%, taux que j’ai actuellement dans mon incubateur dans lequel se développent 2 œufs de Meyer et 2 œufs de pyrrhuras qui devraient éclore d’ici une bonne semaine. A ce jour, ils se développent très bien, les embryons sont bien vivants et le premier oeuf de pyrrhura vient d'éclore. Conclusion définitive début avril, date prévue des éclosions suivantes.
De gauche à droite, 1 œuf de pyrrhura en cours d’éclosion (bêché)
Puis 2 œufs de Meyer et 1 œuf de pyrrhura
Puis 3 œufs de pyrrhuras
Enfin 1 œuf de gris du Gabon
A gauche, poussin gris du Gabon âgé de 5 semaines
A droite, poussin de Meyer âgé de 4 semaines
2 poussins pyrrhuras âgés de 9 jours et 7 jours